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Inventions de salariés et de dirigeants sociaux, procédure civile
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Inventions de salariés et de dirigeants sociaux, procédure civile
18 janvier 2012

"Talent" et rémunération des P.-DG et hauts dirigeants

Le « talent » supposé des P.-DG notamment du CAC 40 est-il réel ?

Justifie-t-il leurs revenus délirants ?

Chaque fois qu’elle en a l’occasion la patronne des patrons du MEDEF Laurence PARISOT répète dans les medias que les revenus astronomiques (plusieurs millions d’euros par an) des P.-DG et hauts dirigeants des grandes entreprises se justifient par la nécessité, selon elle, de les motiver afin de récompenser leur talent et donc de les attirer, puis de les retenir. Faute de quoi, toujours selon Laurence Parisot, on courrait le risque de les voir s’exiler pour des pays où leurs talents seraient mieux rémunérés qu’en France…

Les hauts dirigeants d’entreprises publiques et privées, grandes et moins grandes, sont dans la majorité des cas des énarques et/ou des  diplômés de Sciences- Po, HEC, l’ESSEC parachutés depuis une haute administration  (ex. le Conseil d’Etat) à la tête d’une entreprise. Les P.-DG énarques, dont notons le au passage la formation est exclusivement administrative et non technique ni même juridique, pulullent ainsi à la direction des entreprises industrielles et commerciales..

Une façon de procéder qui constitue une « exception française »…

Plus rarement les P.-DG sont des ingénieurs diplômés de Grandes Ecoles comme Polytechnique (dite l’ « X »), l’Ecole des Mines de Paris…

 Il n’y a pas si longtemps, vers 1985, l’écart entre les rémunérations des plus petits salariés et du P.-DG variait de 1 à 50 ou 60. C’était l’époque où le P.-DG de PSA l'énarque Jacques CALVET, s’était fait épingler par le Canard Enchaîné pour avoir augmenté de 43% d’un seul coup son salaire mensuel - de quelque 400 000 F,  alors que le plus bas salaire de PSA était de 5000 F. Soit un rapport de 1 à 80.

Depuis 1990 les choses ont bien changé. Les revenus des hauts dirigeants et des P.-DG ont bondi de façon exponentielle, jusqu’à 400 fois les petits salaires des entreprises, tandis que pour leurs salariés ils prêchaient la rigueur !! 

Ainsi en 2005 les rémunérations de 5 grands patrons du CAC 40 étaient les suivantes :

« Paris- Match » du 15 février 2007 (page 88) :

« … Les 5 patrons les mieux payés de France en 2005 (en millions d’euros):

-         John Schwarz (Business Objects)  26, 3

-         Lindsay Owen- Jones (L’Oréal)    24,9

-         Bernard Arnault (LVMH)               11,9

-         Antoine Zacharias (Vinci)                11,7

-         Bernard Charles (Dassault Systèmes)  11,7  >>

 En 2011 les entreprises du CAC 40 ont distribué 45 milliards d'euros à leurs actionnaires et dirigeants : + 15% par rapport à 2010..

Ces mêmes dirigeants obsédés par leur soif  inextinguible de profits toujours plus colossaux pour eux seuls (et un peu pour leurs actionnaires...) qui têtus comme des mules se refusent obstinément à accorder toute rémunération supplémentaire décente aux salariés auteurs d'inventions ! Inventions dont l'exploitation renforce la compétitivité de l'entreprise et accroît ses profits, souvent de façon considérable (pharmacie, fibres optiques, informatique...) !!

Faut-il vraiment surpayer les hauts dirigeants d’entreprises issus de la caste ENA/Sciences-Po etc..., présumés selon ces postulats seuls capables de diriger les entreprises, pour qu’ils ne s’exilent pas ?

Les grands patrons tous talentueux ?

D’abord sont-ils tous aussi talentueux que la patronne du MEDEF le pose comme un postulat non discutable ?..Lorsqu’on voit comment ont été dirigés des groupes tels que Vivendi – Universal conduit au dépôt de bilan par son P.-DG Jean-Marie Messier (diplômé de l’X et de l’ENA !), ou bien un autre grand groupe de plus de 100 000 salariés dirigé par un énarque dont les méthodes ont abouti à plus de 100 suicides chez les salariés, il est pour le moins permis d’en douter.

Or, les rémunérations de ces patrons sont fixées avant qu’ils aient commencé à exercer leurs fonctions, donc avant qu’ils aient fait leurs preuves. Il est même d'usage de leur payer, avant même qu'ils aient pris leurs fonctions,une coquette "prime de bienvenue" (!!) qui peut être de l'ordre de 500 000 euros, voire davantage... Les ravages que des incapables pour de telles fonctions (selon la théorie du seuil d'incompétence de Peter) peuvent provoquer ne sont jamais sanctionnés, sauf par un retour anticipé en toute sécurité à leur haute administration de  départ.

Risque d’exil de patrons énarques pour insuffisance de rémunération ?  De l’intox !

Sophie Coignard et Romain Gubert auteurs de « L’Oligarchie des incapables » Editions Albin Michel, janvier 2012 ne sont pas du tout de l’avis, bien indulgent, de Laurence Parisot (les P.-DG l’ont élue au poste de présidente du MEDEF) :

(page 103) « Le salaire fixe moyen d’un P.-DG du CAC 40 dépasse le million d’euros par an (…) Il représente pourtant moins de la moitié, parfois beaucoup moins, de leur rémunération. Non, ce qui compte, c’est la part variable. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de les mo-ti-ver, de récompenser leurs per-for-mances… Une vaste blague ! Les critères choisis sont souvent très vagues, voire comiques… »

(page 104) :  « Le mérite ? Quel mérite ?

La vérité c’est que la France se situe désormais au deuxième rang mondial pour le montant des rémunérations de ses dirigeants, derrière les Etats- Unis. Elle n’a pourtant jamais souffert d’une quelconque fuite des cerveaux vers le Nouveau Monde. Voilà qui réduit à peu de chose l’argument rebattu selon lequel il faut payer très cher nos dirigeants pour pouvoir les garder. »

Du reste, qu’est ce qui justifie que les directions des entreprises publiques et privées soient préservées  comme des chasses gardées  par cooptation au profit exclusif de la caste des énarques, Sciences- Po, HEC, ESSEC, Ingénieurs Grandes Ecoles, X-Mines... à l’exclusion d’autres diplômés, dès lors que ces derniers ont les compétences voulues et l’ont prouvé sur le terrain ?

Là encore c’est une regrettable exception française de nommer jusqu’à la fin de leur carrière, jusqu’à 65 ans et davantage, des hauts fonctionnaires étrangers aux entreprises aux postes de direction uniquement en raison d’un diplôme acquis à 22 ans, et non  en raison de compétences et capacités prouvées sur le terrain. Enarques et Sciences-Po, HEC…, qui forment une caste privilégiée, n’ont pas été formés pour être dirigeants d’entreprises mais hauts fonctionnaires dans des administrations d’Etat. En tant qu’administratifs, dépourvus de connaissances scientifiques et techniques, de tels impétrants sont  prima facie incompétents pour être P.-DG d’entreprises…d’où nombre d’échecs.

Un véritable gâchis pour les entreprises hexagonales, aggravé par la féroce concurrence internationale au sein de la mondialisation.

 Il est d'usage que les énarques, s’ils réussissent, ne restent que 10 ans au maximum à leur poste. Une exception : Jacques Calvet le charismatique Président de PSA est resté 15 ans, en raison de sa réussite incontestable). Ils ne sont donc pas réellement attachés aux entreprises qu'ils dirigent, pour lesquelles ils ont peu d'affectio societatis....Ils sont ensuite mutés à d’autres responsabilités sans rapport avec les précédentes.

S’ils échouent de façon flagrante (comme récemment un ex-P.-DG de France Telecom), ils sont relevés de leurs fonctions avant le terme normal des 10 ans, et peuvent être réintégrés dans leur corps d’origine (Conseil d’Etat, Cour des Comptes…

(page 105) de l'ouvrage précité : « Je n’ai jamais vu un comité de rémunération sanctionner financièrement de mauvais résultats » assure un habitué des grands conseils d’administration. »

Ils ne sont l’objet d’aucune sanction s’ils ont conduit l’entreprise au dépôt de bilan ou à des mauvais résultats. Intouchables même en cas de faute lourde, de délits commis dans l'exercice de leurs fonctions. Ils sont donc totalement irresponsables, et contrairement aux salariés ne peuvent être licenciés : en cas de faute lourde ces dirigeants jouissent d’une entière impunité.

Comment dès lors s’étonner que  des entreprises ainsi « dirigées » soient aussi mal gérées ?

Et (page 105) : « Que passe-t-il quand une entreprise voit son cours de Bourse chuter ? Bien sûr diront les spécialistes, le cours de Bourse n’est qu’un élément de mesure des performances d’un manager. Il est néanmoins le plus parlant. Les cours de Bourse ont baissé de plus 30% au cours de la dernière décennie. Les rémunérations des dirigeants ont-elles suivi la même pente ? Pas du tout . (...)

Un exemple parmi tant d’autres : W. de X… (NDLR. les auteurs cités donnent son véritable nom et celui de la compagnie d'assurances )Inspecteur des Finances devenu patron d’une grande compagnie d’assurances,  a vu l’action de son groupe d’assurances perdre la moitié de sa valeur depuis qu’il en est devenu le patron ! Néanmoins son salaire se maintient autour de 2 millions d’euros par an. En 2008 année de crise, la compagnie Y… voit ses bénéfices chuter de 83% mais son patron touche tout de même 1,8 millions par an de salaire variable. 1,8 millions d’euros censés récompenser la performance d’une entreprise dont les bénéfices ont été divisés par cinq ! »

 

 

 

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